Parcours de Drs Alumni: 60 minutes avec Melanie Faivre-Charmoy
Il est toujours facile de parler de sa carrière quand on y est arrivé… Je dirais qu’il faut sentir ce qui nous motive, tout en restant flexible, car un parcours professionnel est constitué d’opportunités… Dans ma situation, j’ai réalisé que le doctorat augmentait mes chances d’accéder à une fonction qui nécessiterait une vision globale de la recherche, et c’est cet aspect qui me passionne.
- Date de naissance: le 13 juillet 1981.
- Date de la soutenance de thèse: juillet 2010
- Titre de la thèse : Role of neutrophils during Leishmania infection
- Directeur de thèse : Fabienne Tacchini-Cottier (Départment de Biochimie, UNIL)
- Poste actuel : Lab manager LICR @ UNIL / Le titre officiel est: Chargée de recherche au Département d’oncologie fondamentale de l’UNIL.
Drs Alumni Network: Pourquoi avoir choisi d’étudier la biologie?
Melanie Faivre-Charmoy: La biologie a toujours été mon domaine de prédilection. Enfant, j’utilisais déjà des petits kits pour faire pousser des plantes ou observer le développement des crevettes! A l’UNIL, les deux premières années m’ont permis d’explorer plusieurs domaines, comme l’écologie, l’évolution, l’étude des organismes et des plantes… Je me suis ensuite dirigée vers le master en biologie médicale et réalisé deux stages dans le domaine de l’immunologie fondamentale et le cancer.
Le doctorat était une option. Pourquoi avez-vous réalisé une thèse?
Les deux stages m’ont donné l’envie de me lancer, car j’ai apprécié les deux aspects qui caractérisent un travail recherche: le challenge intellectuel et la réalisation pratique. J’avais réalisé que c’était cela que j’aimais faire ! Le doctorat permet d’expérimenter toute la chaîne du processus; de l’expérience au bench lui-même, jusqu’à l’écriture du papier.
Pourriez-vous nous parler de ce que vous avez réalisé en parallèle à vos études?J’ai occupé des emplois alimentaires, tous les samedis et deux soirs par semaine, ainsi que pendant les vacances d’été. Le dimanche était réservé à réviser mes cours. Par contre, avec le doctorat (des horaires allant de 8h à 18h) une activité annexe était incompatible.
Parlez-nous de votre parcours après le doctorat…
J’ai eu l’opportunité de partir aux Etats-Unis pour un post-doctorat au NIH (le National Institutes of Health), accompagnée de mon époux. L’objectif n’était pas celui de devenir PI (principal investigator) ou de diriger un département, mais plutôt de continuer à mener de la recherche. Nous sommes rentrés en Suisse deux ans après. Je désirais trouver un emploi au sein d’un laboratoire qui me permette de mener des projets de recherche dans le domaine public ou privé. Et, j’ai eu la chance de tomber sur un poste de chargée de recherche, au Ludwig Institute, basé à Epalinges.
Faites-nous découvrir votre métier !
Un 70% de mon temps est destiné à mener des projets de recherche personnels ou en collaboration avec d’autres chercheurs: mon implication va du bench à l’écriture de l’article. A 30 %, je suis responsable de la gestion technique du laboratoire. Il s’agit, par exemple, de conserver des lignées de souris ou de réaliser la gestion des stocks d’anticorps ou de bases de données.
Qu’est-ce qui vous plait dans cette fonction?
J’apprécie la hiérarchie horizontale, ainsi que la liberté d’exploration scientifique qui me permet de prendre des initiatives. Il est nécessaire d’avoir de l’inventivité et une grande force de caractère, car si cela ne fonctionne pas, il ne faut pas abandonner pour autant.
A votre avis, quelles sont les compétences nécessaires pour mener à bien une telle mission ?
Je dirais une certaine flexibilité et la capacité à collaborer avec d’autres chercheurs; il est important de se sentir à l’aise avec les interactions humaines. Etant la personne de référence au sein du laboratoire, il est aussi nécessaire de se coordonner avec les autres départements afin d’assurer la gestion des tâches communes. Egalement, le multitasking est souvent à l’ordre du jour !
Pensez-vous que beaucoup institutions sont à la recherche de profils comme le vôtre ?
Au sein des universités, ce profil hybride est plutôt rare; il est recherché par des laboratoires de petite taille qui peuvent se permettre d’engager un « chercheur-technicien ». Au sein des grands laboratoires, on trouvera plutôt des « post-docs » chercheurs, collaborant avec des techniciens. Dans ce cas, ces derniers ne feront que du management, car il y aura une quantité de travail suffisante pour être engagé avec plein temps. Dans notre institut, il y a environ trois ou quatre personnes sur une soixantaine qui ont un profil similaire au mien. Dans l’industrie pharma, la situation est probablement très différente.
En quoi votre doctorat vous a-t-il aidé ?
Je pense que cette expérience m’a beaucoup apporté. Bien sûr, au niveau des connaissances scientifiques, mais aussi au niveau des compétences qu’il m’a permis d’acquérir, notamment de l’expérience en gestion de projet et en matière de priorisation des tâches. J’ai également entraîné la capacité à adapter le rythme de travail en fonction des besoins.
Que conseilleriez-vous à un étudiant PhD en matière de développement professionnel ?
Il est toujours facile de parler de sa carrière quand on y est arrivé… Je dirais qu’il faut sentir ce qui nous motive, tout en restant flexible, car un parcours professionnel est constitué d’opportunités. Débuter un doctorat sous prétexte qu’on ne sait pas trop vers quoi se lancer n’est, à mon sens, pas la bonne solution. Dans ma situation, j’ai réalisé que le doctorat augmentait mes chances d’accéder à une fonction qui nécessiterait une vision globale de la recherche, et c’est cet aspect qui me passionne.
Quelles sont les expériences ou personnes qui ont marqué votre parcours professionnel ?
Ma directrice de thèse ! Celle-ci m’a encouragée à l’excellence, toujours avec respect. Elle était là non seulement pour me notifier quand cela n’allait pas, mais aussi pour me féliciter.
Cultivez-vous un hobby ?
J’essaie de profiter de passer un maximum du temps avec ma famille. Je fais aussi de la course à pied: c’est un moment à moi, en principe trois ou quatre heures par semaine. Cela me permet de m’aérer l’esprit et de penser à autre chose qu’à mes obligations personnelles et professionnelles.
Quel est le cours donné à l’UNIL auquel vous souhaiteriez retourner demain ?
Le cours du Prof. Jacques Mauël qui expliquait avec grande pédagogie les principes de la biochimie, tout en gardant la précision scientifique nécessaire.
Quel est votre lieu préféré à l’UNIL ?
J’aime beaucoup le site d’Epalinges où je travaille, mais il est vrai que le campus de l’UNIL me manque parfois. Mon cœur balance donc entre Epalinges et Dorigny !
Article: Milena Metzger & Laura De Santis.
Une publication de l’Ecole doctorale de la Faculté de biologie et de médecine de l’UNIL.